dimanche 29 mai 2011

Tourbillons et drapés

Un des principaux sujets d'inspiration des artistes de la période Art Nouveau est la femme. Le thème de la femme est déclinée selon des modes différents : la jeune fille, la Naïade, la tentatrice, la femme fatale, etc...
Elle est souvent représenté en drapé à l'Antique lorsqu'elle est utilisée en tant que symbole. Gustav Klimt (1862-1918), dans sa période "byzantine" a beaucoup utilisé ce type de représentation comme dans "La Médecine" (1905-1909).
Le drapé est aussi utilisé comme motif décoratif sur certains bâtiments. La décoration en stuc de cet immeuble de Leipzig, du à Alfons Berger (1903-1904), montre deux femmes en drapé aux ailes de libellule. On retrouvera souvent ce rapprochement entre les insectes comme le papillon ou la libellule et la femme.
Les sgraffites de la maison du peintre Paul Cauchie (1875-1952) à Bruxelles (construite en 1905) sont entièrement consacrés à des femmes drapées à l'antique représentant les différents arts.


Le drapé à l'Antique sert aussi à souligner l'élégance de la femme, surtout, lorsque comme Alfons Mucha (1860-1939), on allonge sa silhouette. C'est le cas dans ces deux affiches pour le fabricant de champagne Moët et Chandon


De nombreux objets d'art décoratifs sont aussi consacrés à la femme. On peut prendre l'exemple de ce vase français en terre cuite daté 1900.
Collection personnelle
Ou encore cette paire de grands vases en plâtre signés Marchand.
Collection personnelle
La faïence est tout aussi imprégnée de cet élégante féminité. Ce surtout de table est d'origine prussienne et date des années 1900-1910. On verra que la relation entre la femme et le cygne est extrêmement présente. Sans doute, un rappel du mythe de Leda.
Collection personnelle
Le rappel à l'Antique fait du drapé un sujet de choix pour la décoration architectural. Sur cet immeuble de rapport du centre de Leipzig, le drapé est varié de nombreuses façons.
Lors de la construction de son chef d'œuvre, Le Palau de la Musica Catalana (1905-1908), Lluis Domenèch i Montaner (1850-1923), a fait appel à Miquel Blay pour sculpter le groupe, "La musique populaire". La musique y joue un rôle central, sous la forme d'une belle femme drapée à l'antique.

La femme en drapé est aussi un sujet pour la joaillerie. Le catalan Luis Masriera (1872-1958) en fait son sujet de prédilection comme dans cette broche et ce pendentif.

Le renouveau de la danse est un des faits marquant de la période de Art-Nouveau. Le ballet romantique avait trouvé son achèvement et son apogée avec les chorégraphies de Marius Petipa pour les ballets de Tchaïkovsky. En France, depuis Sylvia et Coppelia de Léo Delibes, le ballet tournait en rond même si le Namouna de Lalo (1823-1892) compositeur injustement négligé aujourd'hui tranchait avec les habitudes. Le renouveau viendra une première fois dans les années 1890 des Etats-Unis et une seconde fois de la Russie avec les tournées (1909-1914) des Ballets Russes de Serge de Diaghilev, la musique de Stravinky, les décors de Léon Bakst puis de Rœrich et enfin les chorégraphies particulièrement osées de Nijinsky.
C'est une américaine, Loïe Fuller dite La Loïe Fuller (1862-1928) qui va enthousiasmer les artistes de son époque. Elle débarque vers 1890 à Paris et lance la Danse Serpentine en 1892. Abandonnant le corset et la mousseline des danseuses classiques, elle se produit en jouant avec d'immenses tuniques, formant des figures esthétiques.








Utilisant un éclairage par le sol aux Folies-Bergères qui renforce l'aspect fantastique de ses exhibitions, elle fascine Toulouse-Lautrec (1864-1901), qui la représente plusieurs fois.
On peut aussi citer Koloman Moser (1868-1918), un des principaux représentant de la Sécession Viennoise avec cette extraordinaire aquarelle, presque abstraite.
Jules Chéret (1836-1932) est tout aussi fasciné et exécute plusieurs affiches pour ses spectacles.

Le sculpteur strasbourgeois François-Rupert Carabin (1862-1932), un représentant de l'Ecole de Nancy, a représenté plusieurs fois la danseuse. 

Un des artistes qui a été le plus inspiré par les voiles flottant dans l'air est Agathon Léonard. Né à Lille, Léonard van der Weydeveld (1841-1923), dit Agathon Léonard, à beaucoup travaillé pour la Manufacture de Sèvre.



Ces extraordinaires pièces ont aussi été produites en bronze.
D'autres fabriques ont aussi produites de pièces de biscuit. dans ce style. C'est le cas de la manufacture allemande Müller.
Collection personnelle
La lampe de Raoul Larche (1860-1912) est un autre exemple de l'influence de Loie Füller sur les arts appliqués.
Dans les "Danseuses" (1898) du peintre Franz von Stück (1863-1928), grande figure de la Sécession munichoise, on retrouve aussi l'écho des voiles tourbillonnants de Loie Füller.








Pourquoi l'Art Nouveau ?

Si la période Napoléon III a été fertile en constructions, dans la majorité des cas elles se sont révélées être des pastiches des styles anciens.
Viollet-le-Duc, fasciné par le Moyen-Age, a littéralement réinventé la cathédrale gothique mais aussi le château médiéval, comme à Pierrefonds.
A l'opposé de ces reconstitutions archéologiques, Charles Garnier, avec l'Opéra de Paris, opte pour un éclectisme total, inventant, selon ses propres dires, le style Napoléon III.
Vers 1890, toute l'Europe artistique se rebella contre ces modèles passéistes. Art Nouveau, Jugendstil, Sécession rompent avec l'historicisme et le kitsch pour revenir à la nature et à l'originalité, quitte à tomber dans une autre forme de kitsch par excès.

La maison St Cyr de Gustave Strauven à Bruxelles.

La maison Coilliot d'Hector Guimard à Lille.

La casa Batllo d'Antoni Gaudi à Barcelone.

Ce blog a pour but de présenter, très modestement, quelques aspects de l'Art Nouveau.